Mon portable amorcent les premières notes de la symphonie inachevée de Beethoven et avec un grognement agacé, je tâtonne quelques minutes avant de me souvenir que je l’avais glissé sous mon oreiller. J’ôte mon bras droit de mes yeux et appuie sur le bouton central : l’écran s’illumine et je vois une enveloppe s’ouvrir et se fermer. Le message est bref, mais significatif. J’étais invité à une soirée et visiblement, si je refusais, je serais définitivement renier. Bien m’en fasse, je décide de lever du sommier sur lequel je m’étais callé en écoutant le récit soporifique de mon professeur d’histoire – que j’avais enregistré à l’aide d’un magnétophone. Finalement, je ne pourrais pas l’écouter déblatéré son cours de sa voix lente, froide et basse. Je troque mon sweat-shirt noir Aérosmith contre un t-shirt rayé et une veste cuir sombre, je garde mon jean diesel et ma paire de converse bleu. Je dois dire que je ne suis pas tellement motivé à l’idée d’enchaîné les verres de saké et puis me retrouvé entrain de danser sur les tables, à massacrée les chansons qui passent. Cependant, j’avais déjà décliné l’invitation la semaine dernière et encore celle d’avant, donc je suppose que vu le caractère formel de ce dernier texto, j’étais un peu obligé à me rendre à la discothèque au risque d’être finitivement un sans-amis.

Je pousse la porte qui glisse silencieusement sur ses gonds, la referme à clef. Sur le chemin – assez court – qui me sépare de la discothèque, j’essaye de me persuader que la gueule de bois que j’aurai demain sera supportable. J’ai horreur de l’alcool, et comme si ça ne suffisait pas, je n’arrive pas à la supporter. Soit je dégueule tout en fin de soirée, soit le monde oscille pendant une semaine. Enfin bref. À mesure que j’approche de l’endroit, la foule augmente et le sol semble secouée puissantes basses. Rapidement, je me rend compte que ce que je prenais pour une foule éparse était en fait une longue file d’attente pour rentrée dans le bâtiment sur éclairé. Je ralentis le pas, m’imaginant déjà téléphonant à mon ami pour lui dire que je ne peux pas rentrer à cause de la foule. Hélas, pour moi, ce fameux ami se tient fièrement, bras croisé – à côté des gardes. Lorsqu’il me voit, il commence à me faire des grands signes en m’appelant : « Setsuna ! Setsuna ! Ici ! Hééééééhooooo ! »

Je me retrouve à l’intérieur. A première vue, il fait incroyablement sombre. Mais tout les x temps, l’obscurité est traversée par des faisceaux lumineux de différentes couleurs. Les gens se dandinent un peu partout, j’ai même droit à quelques œillade langoureuse et subjective. Cependant, s’il y a quelque chose de j’aime autant que l’alcool, c’est la danse. Comme ça, je n’ai pas l’air d’aimer grand-chose, cependant, c’est juste que je n’aime pas me démarquer des autres ou me faire remarquer. Je m’appuie donc sagement contre le bar après avoir commander un verre de saké. Mon regard passe indifféremment d’un groupe d’individu à l’autre. La plupart se déchaîne sur la piste de danse alors que d’autre se colle contre les murs, généralement par paire pour faire des choses que je n’ai pas spécialement envie de regarder.

Mon regard est attiré par le son strident d’une réprimande. Une « petite » blonde venait d’engueuler un malheureux qui lui avait foncé dedans. Je souris, mais mon sourire disparaît lorsque j’aperçois son visage, ses grand yeux bleu et sa peau pâle. Je suis quasiment certain qu’elle est dans mon lycée. Et je suis totalement certain qu’elle n’a pas seize ans. Je suis peut-être ennuyeux de me faire du souci, mais croyez-moi, j’ai souvent vu les prémices de personnes prêtes à sombrer dans la démence. Et l’alcool était sans doute la première cause.

« Hé, toi ! »

Je me lève lentement, le deuxième verre de saké ne m’a pas réussi. J’appuie doucement sur son épaule pour attirer son attention.

« Tu n’as pas l’âge pour être ici, n’est-ce pas ? »